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NOS TRAVERS

grands journaux et entre celles du gouvernement.

Que seraient devenus les arts dans tous les pays et à toutes les époques, sans la protection de l’État, des citoyens riches et puissants ?

Le gouvernement a fait un pas dans la bonne direction, en accordant cinq mille dollars à la Société Royale du Canada. On serait porté à croire que les donateurs n’avaient d’autre intention en faisant cette générosité, que de confier à la Société un dépôt destiné à l’encouragement de la littérature nationale.

Il semblait qu’une partie des fonds eut dû être distribuée sous forme de prix aux meilleures ouvrages historiques, littéraires ou scientifiques publiés dans le cours de l’année, ou encore, qu’elle dut servir à organiser des concours pour la jeunesse.

On conçut de grandes espérances de cette nouvelle communauté d’immortels. On en attendit de beaux résultats. On les attend toujours.

L’exemple de nos ancêtre nous a enseigné la patience.

En alléguant la nécessité de stimuler le goût littéraire, il va de soi que je réclame égale justice pour les écrivains français et anglais.

Si nous allions opposer ces deux langues l’une à l’autre, les belligérantes seraient fort surprises de leur nouvelle rivalité. Shakespeare n’eut jamais de plus fidèles partisans… qu’en France et depuis le grand Corneille jusqu’à nos jours, les maîtres de notre littérature ne manquèrent pas des témoignages non équivoques de l’admiration anglaise.

Ceux qui redoutent notre belle langue s’effrayent plus aisément que lord Dufferin, qui a dit à Québec :

« L’idiosyncrasie des deux races composant cette nation donne à notre pays un caractère intéressant, un attrait, un charme éclectique qui lui manqueraient autrement, et ce serait une grande faute politique que d’essayer de les détruire. Mes plus chaleureuses