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M. JULES SIMON ET LA FEMME MODERNE

résulter, même et surtout, pour ceux qui croient en bénéficier, de la facilité de mœurs des temps modernes.

L’inquiétude qui se fait jour dans les paroles du moraliste et jette une lumière nouvelle sur les conséquences d’un commerce peu austère mais charmant est un avertissement pour quiconque n’en considérait que les avantages.

« Après le bonheur de croire le bonheur d’admirer est le plus grand, » ajoute-t-il.

Or, quand la femme descend du piédestal où l’a mise l’admiration et le respect masculins, quand elle déserte le temple vénéré que lui ont élevé ses dévots pour se mêler à la foule, elle crée la confusion des rôles, efface toute distinction et détruit elle-même son empire.

Elle ruine le bonheur d’admirer dans le cœur de l’homme, qui lui en garde une rancune inconsciente. Tout naturellement porté qu’il est vers l’idole déchue il ne lui pardonne pas de s’être dérobée à la piété de ses hommages, au culte qu’il lui avait voué et dont quelques rites résistent encore, à l’envahissement du scepticisme.

Par suite de ce malaise la prudence masculine se réveille et il se trouve un homme pour conclure ainsi ses graves remarques sur le revers des privilèges du siècle :

« Je dis aux femmes comme aux généraux : Défendez les avant-postes. D’abord, c’est plus sûr et ensuite c’est plus joli. »

Et encore : « C’est très beau d’être sûre de soi. On en sera encore plus sûre si l’on fait comme si on ne l’était pas… « C’est ce qu’entendaient nos chères aïeules quand elles disaient. — Ne jouez pas avec le feu ! »

J’ose me permettre d’ajouter ce que le savant philosophe aurait peut-être dit s’il y avait pensé ou ce qu’il a pu penser sans le dire :

Il n’y a qu’une sentinelle capable de surveiller les avant-postes, d’avertir à temps du danger, de l’approche de l’ennemi : c’est la religion.