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ANGLOMANIE

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Il y a toujours eu des snobs et il y en aura toujours, parce que le snobisme est le seul moyen qu’ait trouvé l’Insignifiance pour se distinguer.

Dans l’impossibilité d’être « mieux » les sots se sont imaginé d’être « autres » que ceux qui les entourent. Or comme un sot trouve toujours de plus sots qui l’admirent, le truc, à la vérité, ne réussit pas trop mal auprès des badauds.

Et voilà toute la raison d’être de nos anglomanes.

Avoir l’avantage d’être français et tirer vanité d’être la mauvaise copie d’une nationalité étrangère, se faire gloire de passer pour autre chose qu’un français, pareille bizarrerie ne peut venir que de l’ignorance.

Soyez donc sûr que quand vous entendez une française ou un français, au magasin, dans la rue, parler anglais à des gens aussi français qu’eux ; quand vous recevez une carte de visite ou une lettre écrite dans le même idiome, d’une dame qui signe quelque chose comme Françoise Durand, soyez sûr, vous dis-je que ces personnes ne recourrait à un langage facile que dans la crainte de parler ou d’écrire leur propre langue d’une façon ridicule. Ne la parle pas qui veut notre belle et aristocratique langue. Sa hauteur nargue les médiocrités. Fièrement inaccessible au vulgaire elle ne se reconnaît que de rares initiés.

Les cervelles obtuses qui après des années d’école n’arrivent, encore, en faisant de leur mieux, qu’à pondre de pareilles phrases : « Je me suis « permise » de vous « donner du trouble », ou encore : « Les apparences