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obéissent non pas à un sentiment louable, mais tout simplement à un instinct.

Cet instinct maternel, en lui-même, est admirable sans doute, mais il a besoin d’être régi par la raison.

Conserver, entretenir la vie des êtres que Dieu lui a confiés au péril de la sienne ; ne rien épargner pour leur avancement moral ; sauver leur âme à tout prix, telle est la redoutable tâche départie à la mère de famille. La plupart, cependant, l’assument sans trembler, et quelques-unes subissent avec une espèce d’inconscience ce rôle dont elles ne comprendront jamais toute la dignité.

Ce ne sont pas toutes les mères qui pénétrées de la gravité de leur responsabilité, se préoccupent de trouver les meilleurs moyens de s’acquitter de leur difficile mission.

Bien peu, doutant de leurs propres lumières, demandent à des esprits éclairés, aux auteurs compétents qui ont traité de l’éducation, la ligne de conduite qu’elles doivent suivre. Les livres qui les instruiraient sur leurs devoirs et les guideraient dans les situations délicates manquent presque totalement dans leur bibliothèque. Une bibliothèque, du reste, est une chose de première nécessité qui, aux yeux du plus grand nombre, passe pour un luxe superflu.

On croit avoir tout fait en envoyant pour quelques années ses filles et ses garçons dans des maisons d’éducation. Que peuvent faire cependant les maîtres les plus zélés de cerveaux incultes que rien n’a jamais réveillé de leur assoupissement et qui sont faits déjà à leur inertie ? Quel pouvoir a leur autorité sur des tempéraments lymphatiques ne trouvant d’énergie que pour se révolter contre la règle, pour rechercher avec avidité les plaisirs du jeu et de la gourmandise qui les ont façonnés dès l’âge le plus tendre à une sensualité dominant tout en eux.

La plupart des « malheurs de famille » doivent être