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Dans l’affaire de l’éducation la nature a le rôle initial et prépondérant.

De l’argile qu’elle nous livre dépend, en grande partie, le succès de notre participation. La culture la plus assidûment appliquée n’a d’efficacité qu’autant que la nature a été généreuse dans la formation de la « matière première. »

Elle semble quelquefois se faire un jeu de ruiner les espérances les plus raisonnables et en apparence les mieux fondées.

Cette singulière conduite de sa part en a mené plus d’un au pessimisme.

Témoin cet homme illustre qui se consolait ainsi de n’avoir pas d’héritier mâle pour perpétuer son nom :

— Je ne prive que les gens qui vivront dans vingt ans de dire : Voyez-vous cet idiot ? C’est le fils d’un homme intelligent !

Il ne faudrait pourtant pas exagérer la part de la Grande Ouvrière dans la responsabilité des enfants qui tournent mal.

Donnons à chacun son dû et admettons que plus d’un mauvais sujet eut pu être au moins un citoyen passable avec une consciencieuse direction.

Mais voilà ! la direction manque pour le moins aussi souvent que les aptitudes chez le sujet à élever.

C’est qu’il y a une sorte d’héroïsme à ne faiblir jamais dans ce devoir difficile de réformer ou de bien diriger ses enfants. Aussi n’est-il pas rare quand il s’agit d’une correction que le plus puni soit encore celui forcé de sévir.

Il faut être doué d’une force d’âme peu commune, on le reconnaîtra, pour savoir au besoin refuser une friandise à la gloutonnerie si amusante et jamais satisfaite des bébés.

Et c’est justement dans ces questions de détails en apparence insignifiantes, qu’on laisse surprendre sa vi-