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LE SENTIMENT RELIGIEUX

plissent pas par la crainte réciproque de voir les adversaires tirer profit d’une initiative trop hardie et l’imputer à crime à ceux qui la tenteraient.

N’épiloguons pas sur chacun des maux produits par l’absence d’un pivot moral d’où devraient rayonner les actes de notre conduite.

Ce que nous voulons tenter aujourd’hui, c’est de mettre en regard un singulier état d’âme et l’éducation théorique dont il est issu. C’est de soumettre ce problème étrange : des effets révoltés contre leur cause, aux penseurs et aux sages, en laissant à leur compétence le soin d’expliquer et de conclure.

Nous diront-ils ces philosophes, pourquoi, en dépit des exemples de mères dévotes et des habitudes rigoureuses du pensionnat, la vraie, la solide piété — celle qui régit les paroles et les actions, celle qui fait de la vie d’une personne chrétienne un modèle de fermeté, d’obéissance et de fidélité à sa foi — est si souvent étrangère à notre jeunesse, même féminine ?

Établiront-ils la genèse de cet opportunisme relâché en ce qui touche à l’honneur — frère noble de l’honnêteté — de tant de jeunes gens, héritiers des noms les plus estimés ? Sauront-ils expliquer comment cette garantie d’un nom respecté avec celle d’une éducation religieuse, ont si souvent déçu les patrons dans le choix des titulaires de poste de confiance.

Et comment il se fait qu’au cours des luttes pour le pouvoir, les journaux, au lieu de livrer la bataille des idées, assaillent les candidats d’accusations de vol, de malversations, de félonie ? que l’on dise ouvertement : Un tel s’est enrichi dans tel emploi public au moyen de contrats véreux.

Et comment il se fait qu’on ose mettre si souvent en doute l’impartialité du magistrat et le désintéressement d’un mandataire du peuple ?

Nous diront-ils enfin pourquoi le pivot moral dont nous parlions, c’est-à-dire la conscience, manque à un