Page:Marchand - Nos travers, 1901.djvu/162

Cette page a été validée par deux contributeurs.
166
NOS TRAVERS

pations… etc. Ah ! tenez, vous me feriez mourir de rire avec vos occupations. Comme si nous ne connaissions pas nos rivaux ! Comme si les clubs chômaient un seul jour, et, que les plus imposants, les plus terriblement graves d’entre vous ne sacrifiaient pas, plus d’une fois la semaine, une petite heure au plaisir d’échanger avec quelques amis la « cerise » de la confraternité ou le Tom and Jerry de la bonne camaraderie.

Si vous utilisiez à notre profit — aussi bien que pour le vôtre — ces miettes de votre temps précieux, il vous serait facile de vous acquitter au moins des devoirs sociaux les plus impérieux, comme, par exemple, de faire une visite à ceux dont vous avez accepté l’hospitalité, ou aux personnes qui vous ont fait la faveur de vous inviter chez elles. Étrange nécessité que celle qui vous accorde juste le loisir de vous rendre à une invitation agréable, sans jamais vous laisser celui d’en prouver votre reconnaissance.

Mais une carte, si peu que cela soit, c’est encore quelque chose. Cela indique de la part du propriétaire un vague sentiment des convenances et une obscure conscience de ce que l’on doit.

Les nouveaux venus de la civilisation, les jeunes chevaliers d’aujourd’hui, se sont affranchis de cette dernière corvée. Un grand nombre d’entre eux ne font pas de visite et n’envoient pas de cartes.

— Nous en sommes réduites, me disait une dame, à inviter dans nos soirées, des jeunes gens qui ne se sont montrés ni au jour de l’an, ni même à la suite d’invitations antérieures qu’ils n’avaient eu le temps que d’accepter. Car je suis de celles qui subissent encore ce vieux préjugé que le parti masculin est indispensable dans une fête mondaine.

— Je vous assure, me déclarait une autre, que la plupart de ces pauvres garçons-là croient nous faire une faveur en venant dans nos maisons se conduire comme des palefreniers. Ah ! vous verrez que dans quelques