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INSOCIABILITÉ


« Le ciel a formé l’homme animal sociable. » — Voltaire.
« Le perfectionnement, de l’homme est lié à la sociabilité. » — Portalis.
« L’homme sociable est l’homme par excellence. » — De Bonald.



Je cède aux instances de plusieurs femmes de notre meilleur monde en abordant aujourd’hui un sujet que j’avais écarté à dessein, sachant combien il est périlleux de s’attaquer directement à un élément distinct de la société.

Les reproches que l’on se voit forcé de formuler sur le défaut de sociabilité — cette plaie des classes élevées de notre pays — ne s’adressent pas aux femmes, modèles de politesse et d’assiduité sous ce rapport.

Il me faudra donc, malgré toute l’estime que je professe à certains égards pour nos amis les hommes, dire tout le mal que je pense de leur incivilité et de leur impardonnable négligence des devoirs les plus élémentaires.

Si ce défaut masculin n’exerçait sur nos mœurs la plus détestable influence, on pourrait à la rigueur étendre jusqu’à lui le voile de mansuétude tissé par la bonté des femmes pour couvrir ce que les Anglais appellent d’un mot pittoresque the shortcomings, les faiblesses du sexe opposé. Le silence est à peine permis devant la décadence et la désagrégation sociales qu’on déplore partout et dont sa conduite est le principal agent.

J’ai conservé le jugement d’un grand journal anglais de Montréal, sur la jeunesse masculine de sa nationalité. Je crois l’occasion bonne de le transcrire ici, parce que du même coup il donnera à réfléchir aux anglo-