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LA MANIÈRE D’ÊTRE HEUREUX

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Je suis d’opinion que, de nos jours, on entend la vie de travers. Comparez notre existence fiévreuse et vide, raffinée et misérable avec celle de nos pères toute de calme et de simplicité. Où est le bonheur ?

Avec les mêmes ressources qu’aujourd’hui on était autrefois plus riche ; avec un plus grand nombre d’enfants on jouissait d’une douce tranquillité. Chacun en général semblait satisfait de son sort et la lutte pour la vie n’avait pas ce caractère d’âpreté qu’elle a aujourd’hui.

C’est que dans toutes les classes de la société on vivait plus simplement sans s’évertuer à sortir de sa sphère pour égaler de plus privilégiés que soi.

Cette ambition morbide, cette crainte de se voir délaisser font de l’existence une torture et détruisent toute paix domestique.

Non, voyez-vous, il faudrait revenir à cette simplicité de mœurs de nos pères. Il faudrait avoir le courage d’extirper de ses habitudes tous les soins superflus dont on se plaît de plus en plus à les encombrer. Que se passe-t-il depuis vingt ans ?

À mesure que la difficulté du service s’aggrave, que la pénurie des bons domestiques augmente, les détails de la tenue de maison se compliquent. De notre temps, où la classe qui sert devient de moins en moins dévouée et laborieuse, on exige d’elle des aptitudes générales, un service plus délicat et plus difficile.

Quelle est la petite bourgeoise qui n’ambitionne pas