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LA FEMME DANS LA FAMILLE

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N’oublions pas que la famille est le royaume de la femme. Rien par conséquent ne justifie le zèle intempestif de quelques bonnes âmes qui, dans la vie de famille, craignant de n’en pas faire assez, poussent le dévouement jusqu’à la servilité.

J’ai vu de ces abnégations irraisonnées produire les effets les plus tristes.

C’est qu’il faut du discernement et de la sobriété, comme dit saint Paul, jusque dans la sagesse et la vertu. La femme, qui est la reine de la famille, doit éviter de compromettre sa dignité jusqu’à s’abaisser inutilement.

Son influence morale, si précieuse et si salutaire, est nulle là où elle se fait la servante de son mari et de ses enfants.

La nécessité oblige quelquefois une épouse ou une mère à faire les offices les plus pénibles. Quand le devoir exige l’accomplissement de ces corvées humiliantes, on ne peut trop la louer si elle s’en acquitte courageusement ; mais ce que nous n’admettons pas, c’est qu’elle se dépouille elle-même, et sans raison, du tribut de respect et d’hommage auquel elle a droit dans son petit royaume, pour se dégrader jusqu’à cirer les bottes de ses fils ou de son mari — de solides gaillards que cette esclave volontaire façonne avec amour à l’égoïsme et à la tyrannie. On conviendra qu’un rôle plus noble est assigné à la mère de famille. Elle méconnaît sa mission, quand, animée d’un zèle inintelligent, elle se rabaisse au rang d’une souillon. Les servi-