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NOS TRAVERS

Il y a maints petits moyens d’esquiver ainsi la loi — privilège dont la saveur est appréciée en dehors des couvents — et de se distinguer des autres, ce qui n’est pas dans un tel milieu, je le répète, une mince considération.

Elle est si importante au contraire et si flatteuse pour la vanité que l’on use très souvent de ces prérogatives onéreuses sans nécessité aucune et à la seule fin de maintenir son prestige.

Ce sont là les extra contre lesquels on entend de toutes parts pester les papas, parce qu’ils doublent très souvent le prix convenu pour chaque trimestre. Et c’est cette déplorable émulation dans la dépense qui fait maintenant reculer tant de familles devant la taxe ruineuse que représente une année de couvent, pour deux ou trois filles surtout, quand ce n’est pas cinq ou six.

On me dira peut-être qu’il est très possible de se dispenser de ces extra et que chacune est libre de pratiquer l’économie, mais il faut plus de force de caractère que n’en possèdent des petites filles pour se résigner à jouer parmi des amies fortunées comme aux yeux de quelques parvenues ou de quelques sottes vaniteuses, le rôle de parias.

Les mères sensées qui s’élèvent en masse contre ces abus, ne peuvent elles-mêmes faire autrement que de s’y soumettre, au moins dans une certaine mesure, afin d’éviter à leurs enfants de cruelles humiliations. Beaucoup de parents, de leur propre aveu, excèdent ainsi leurs moyens pour marcher de front avec les autres dans ce crescendo d’extravagance.

L’empiétement du luxe et de ses raffinements mondains, encore une fois, ne saurait être complaisamment accueilli par de saintes recluses qui ne cessent de prêcher et par la parole et par l’exemple, l’humilité, la charité envers le prochain, et le mépris des vaines délicatesses. Il ne tiendrait donc qu’aux gens du mon-