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ENCORE LE LUXE

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Je vous ai dénoncé, dans le chapitre précédent, les jeunes gens pratiquant une arithmétique spéciale et qui, partant du principe que la vie de ménage coûte trop cher, se jettent dans un train de dissipation et de prodigalité ruineuses.

Je veux après cela, signaler aux jeunes filles ce qui dans leur conduite fournit matière aux sophismes des épouseurs récalcitrants ; ce qui — il faut bien l’admettre — est de nature à effrayer au premier abord de timides amoureux.

Je ferais mieux de m’adresser tout de suite aux mères de ces demoiselles qui élèvent leurs filles comme des princesses ou en millionnaires sûres de l’avenir. C’est merveille de voir comme tant d’enfants gâtées font encore, dans l’occasion, d’excellentes ménagères, et avec quel courage elles brisent — quand les circonstances l’exigent — avec les habitudes de luxe qu’on leur a inconsidérément laissé contracter.

Oui, nos petites Canadiennes ont de l’étoffe ; il n’y a pas d’inconvénient à le remarquer ici en passant. Elles trouvent dans leur jeune raison un miraculeux ressort de la volonté pour réagir contre une éducation si souvent défectueuse.

Et de cette grande liberté même dont on leur fait, de bonne heure, le don généreux, je ne sais quelle sagesse providentielle les empêche de trop abuser. On en voit qui, brutalement punies de leurs inconscientes légèretés par la méchanceté du monde, ou subitement éclairées par la proximité du danger, prennent crâne-