Page:Marcet - L’économie politique en vingt-deux conversations, 1837.pdf/71

Cette page a été validée par deux contributeurs.
59
L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

la pêche. Les pêcheurs n’ont nul besoin de capital ; le poisson ne leur coûte que la peine de le prendre. — Ah ! non ; je me trompe ; j’oubliais les filets et les barques, qui sont nécessaires pour pêcher ; il faut bien d’ailleurs que les hommes aient de quoi subsister, quand le temps ne leur permet pas de se hasarder sur l’eau.

Mais il y a un autre exemple, madame B. ; j’ai connu des personnes qui n’avaient rien, et qui faisaient des affaires sur leur crédit.

MADAME B.

Ceci n’est pas une exception ; car le crédit est l’emploi d’un capital qui appartient à un autre.

CAROLINE.

Il est vrai ; c’est un triste sujet de réflexion, qu’il faille toujours posséder quelque chose pour gagner davantage. Ainsi celui qui n’a rien pour commencer, n’a aucun moyen d’échapper à la pauvreté.

MADAME B.

Le mot pauvreté a un sens vague. Si vous entendez par-là un état de véritable indigence, l’ouvrier qui gagne sa subsistance au jour le jour n’est pas dans cet état. Mais si vous opposez la pauvreté à la richesse, c’est-à-dire, à la possession d’un capital, les ouvriers sont communément dans cet état. Ils peuvent toutefois en sortir. Un homme bien portant et bon travailleur, s’il sait économiser, met presque toujours de côté quelque petite somme ; c’est le commencement d’un capital, qui se forme par l’accumulation de ces épargnes successives.

CAROLINE.

C’est vrai. Thomas, notre sous-jardinier, qui est intelligent et laborieux, disait l’autre jour à ses camarades, qu’au moment où il aurait amassé quelqu’argent pour commencer un établissement, il avait dessein de se marier. Mais il me semble que si mon père voulait lui donner une cabane et un acre ou deux de terre, Thomas pourrait faire croître quelques légumes qu’il porterait au marché, et pourrait ainsi s’entretenir lui et sa famille.

MADAME B.

En ce cas ce serait votre père qui fournirait le capital, La ca-