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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

chassez de tous mes postes de retraite. J’espérais avoir trouvé un asile sûr dans les montagnes de la Suisse ; mais je vois que je dois revenir chercher un refuge à Londres, où je suis bien sûre que vous conviendrez enfin avec moi que le luxe des riches et la misère des pauvres font un contraste choquant pour les personnes douées de quelque sensibilité.

MADAME B.

Si la misère des pauvres était l’effet du luxe des riches, je serais certainement d’accord avec vous sur ce point ; mais je crois qu’il en est tout autrement. Toutefois, comme les peuples, dont nous nous sommes occupés dans nos deux derniers entretiens, et dont nous avons observé les progrès vers la richesse et la civilisation, sont loin encore d’être assez avancés dans la carrière pour se rendre coupables d’excès de luxe considérables, nous les suivrons patiemment dans leur avancement en lumières et en richesses, avant d’entamer le sujet du luxe.


CONVERSATION V.


SUR LA DIVISION DU TRAVAIL.

Origine de l’échange. — Division du travail. — Extraits de la richesse des nations, de Smith, sur la division du travail. — Avantages des machines. — Effets de la division du travail sur les mœurs et l’intelligence du peuple. — Récapitulation.
MADAME B.

Nous avons reconnu que l’établissement et la sûreté de la propriété étaient les principales causes qui avaient mis l’homme en état de secouer les chaînes de la paresse et de l’ignorance. Mais il y a d’autres causes subordonnées, qui tendent avec beaucoup de force à avancer les progrès de l’industrie et de la civilisation. La première est l’introduction de l’échange ou du troc.

Nous avons remarqué que quand les hommes virent qu’ils pouvaient compter avec confiance sur la sûreté de leurs possessions,