il les met en état d’augmenter si prodigieusement leur fonds de subsistance, qu’ils transforment un pays qui ne contenait qu’un petit nombre de misérables huttes, en une nation grande et opulente.
CONVERSATION IV.
SUR LA PROPRIÉTÉ, Suite.
À présent que nous avons rapporté l’origine et les progrès de la civilisation à la sûreté de la propriété, voyons si l’inverse a lieu, c’est-à-dire, si, dans un pays civilisé, le manque de sûreté dans la propriété ne dégrade pas l’état de l’homme, et ne le fait pas dégénérer, par une suite de pas rétrogrades, jusqu’à l’état de barbarie.
Y a-t-il des exemples de peuples civilisés qui soient redevenus sauvages ? Je n’ai pas le souvenir d’avoir ouï parler d’un changement de cette nature.
Non, parce que quand la propriété a été une fois établie, les avantages qui en résultent sont tels, qu’elle ne peut plus être jamais totalement abolie ; mais dans les pays où la tyrannie du gouvernement rend la propriété mal assurée, le peuple dégénère toujours, le pays retombe dans la pauvreté, et dans un état qui, par comparaison avec le précédent, mérite le nom de barbarie. Nous avons remarqué déjà le changement déplorable opéré dans l’opulente