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CONTES POPULAIRES

grand de l’or que nous tirons d’Amérique, et pour payer cet or nos manufactures doivent fabriquer un plus grand nombre de marchandises. Vous voyez donc, mes amis, que la prospérité d’un pays est utile à tous les pays avec lesquels il entretient des relations commerciales ; mais, quoique cet avantage soit général, il y a quelques cas d’exception où les manufactures peuvent se trouver en souffrance : si on exporte en Angleterre des soieries et des porcelaines françaises, il n’est pas douteux que nous en fabriquerons moins chez nous ; mais d’autres manufactures prospéreront en proportion de la décadence de celles-ci.

— Mais, objecta John, ce n’est pas une chose facile que de changer de métier ?

— Sans doute, et il est vrai que la ruine de quelques manufactures entraîne celle d’un grand nombre d’individus.

— Ce monde n’est pas parfait, comme nous le savons tous, mais il va se perfectionnant, et le commerce entre les diverses nations contribue beaucoup à augmenter l’industrie et à multiplier les jouissances du pauvre ; car je pense que vous êtes maintenant convaincus que le pays qui trafique avec l’étranger emploie un beaucoup plus grand nombre de bras que le pays qui ne fabrique que pour sa propre consommation. »

Le seigneur, ayant pris congé de la famille Hopkins, lorsqu’il fut parti, John avoua qu’il avait compris tout ce qu’il leur avait dit, et qu’il pensait comme lui.

Patty, qui avait saisi tout juste ce qui pouvait avoir rapport à sa robe de soie, s’en empara bien vite, et courut gaîment se mettre à l’ouvrage afin de l’avoir achevée pour le jour de ses noces.