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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

à produire chez nous 2 000 journées de travail, ne faisons-nous pas une épargne de 1000 journées ? Et les Virginiens ne font-ils pas un gain semblable, si le tabac produit chez eux par 1 000 journées de travail est échangé contre du drap anglais, qu’ils n’auraient pu fabriquer chez eux avec moins de 2 000 journées ?

CAROLINE.

Ainsi, par cet échange, chaque pays fait une économie de 1 000 journées de travail ?

MADAME B.

Oui ; et épargner, c’est gagner ; car les mille journées ainsi épargnées s’emploient à produire quelque autre marchandise, qui est un gain net pour chacun des deux pays.

CAROLINE.

Chacun des deux pays se procure donc la marchandise dont il a besoin avec la moitié de la dépense qui aurait été nécessaire pour la produire chez lui ?

MADAME B.

Précisément. Pour dire la même chose, en d’autres termes ; si, avec 50 000 liv. st. employées dans le commerce de Virginie, nous pouvons avoir autant de tabac que nous en aurions avec 100 000 liv. st. en le cultivant chez nous, il y aura 50 000 liv. st. d’épargnées, que l’on emploiera à produire quelque autre chose. Il est rare à la vérité que les avantages du commerce extérieur soient tels, qu’il en résulte une épargne de la moitié des frais de production ; mais ces avantages existent à un degré plus ou moins élevé ; car il est évident qu’une nation n’ira jamais acheter au dehors ce qu’elle peut acheter à aussi bon marché et aussi bon chez elle.

CAROLINE.

Quand les choses que je veux acheter sont aussi bonnes et au même prix dans mon voisinage, j’aime à y faire mes emplettes plutôt que d’aller les faire plus loin, parce que cela m’est plus commode : mais pourquoi les marchands auraient-ils la même préférence ? C’est ce que je ne vois pas clairement. Pourvu que les