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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

de notre climat. Nous ne pouvons nous les procurer que par un échange de marchandises. Les Portugais prennent nos draps en retour. Ces draps, ils pourraient sans doute les fabriquer chez eux ; mais comme notre climat est particulièrement favorable aux pâturages, et que nos ouvriers sont particulièrement habiles dans ce genre de manufactures, les draps que fabriquent les Portugais ne pourraient pas être aussi bons au même prix que ceux qu’ils nous achètent, en comprenant dans ce prix le fret et l’assurance : or, tant que les Portugais peuvent les acheter de nous à meilleur marché qu’ils ne les fabriqueraient chez eux, il est certainement de leur intérêt de se les procurer par voie d’échange pour des marchandises dont la culture ou la fabrication est mieux assortie à la nature de leur climat et de leurs habitudes.

Mais la différence des prix des produits de nos manufactures, chez nous et dans l’étranger, n’est pas si grande que vous pourriez l’imaginer. Dans les ouvrages d’un petit volume, elle est très-peu de chose. Je me souviens d’avoir acheté à Turin il y a quelques années un portefeuille anglais presqu’au même prix qu’il aurait coûté à Londres.

CAROLINE.

Comment donc les frais de transport se trouvaient-ils payés, et où était la compensation pour la lenteur du retour du capital ?

MADAME B.

Probablement ces frais ne faisaient que contre-balancer la forte rente et les taxes payées par les marchands en détail de Londres, qui, je crois, sont infiniment moindres à Turin ; il se peut aussi qu’il y eût quelque gratification à l’exportation de cette sorte de marchandises, qui mît le marchand en état de les vendre à plus bas prix.

CAROLINE.

Qu’est-ce, je vous prie, qu’une gratification sur les marchandises ?

MADAME B.

C’est une récompense pécuniaire donnée par le gouvernement pour l’exportation de certaines marchandises. Les gouvernements, loin de partager vos préjugés contre le commerce extérieur,