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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

CAROLINE.

J’entends dire cependant que la banque d’Angleterre ne paie plus ses billets en espèces ?

MADAME B.

Il est vrai ; mais c’est en vertu d’un acte du parlement, fait expressément dans le but d’accorder à la banque d’Angleterre ce privilège pour un temps limité.

CAROLINE.

Et si un billet de la banque d’Angleterre ne peut plus s’échanger à volonté contre de l’espèce, en quoi consiste sa valeur ?

MADAME B.

Dans l’attente qu’un jour ce billet sera payé en or ou en quelque chose d’équivalent. Cette opinion fait que les billets de banque ont encore cours : si cette confiance cessait, la valeur de ces billets serait réduite à celle du papier dont ils sont faits.

CAROLINE.

Mais puisque la banque d’Angleterre n’est pas obligée de payer ses billets en argent comptant, elle peut donc en émettre autant qu’elle veut. Elle semble vraiment avoir trouvé la pierre philosophale ; car si elle n’a pas découvert le moyen de faire de l’or, elle possède une chose qui le remplace dans tous ses usages.

MADAME B.

Excepté que n’ayant aucune valeur intrinsèque, cette chose-là ne peut point être exportée lorsqu’elle surabonde. Or vous n’avez pas oublié que la monnaie superflue n’est bonne qu’à être échangée contre des marchandises étrangères. Un excès de monnaie courante, produit par une émission de billets de banque excessive, doit donc rester dans le pays et y causer une dépréciation dans la valeur de la monnaie, qui se fera sentir par une hausse générale dans le prix des marchandises, et sera accompagnée de tous les maux dont nous avons fait l’énumération dans un précédent entretien.

CAROLINE.

Et n’est-il pas fort à craindre qu’une banque n’émette trop de