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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

dans d’autres, cela ne pourrait avoir lieu, s’il y avait des banques dans tous. Il s’en faut donc bien qu’elles aient tous les avantages que j’avais d’abord cru leur voir.

MADAME B.

En créant du papier-monnaie, on fait une addition au moyen commun de circulation dans tout le monde civilisé ; et on rend superflu pour la valeur de cette addition l’usage des métaux précieux ; par-là même on en diminue la demande, et à un certain point la valeur. L’effet immédiat qu’a l’ouverture d’une nouvelle banque est incontestablement de faire sortir du pays où elle s’établit, quelque portion de ses espèces métalliques. Elle ne fait pas sortir toutefois la quantité entière que le papier représente ; car, indépendamment de la surabondance générale à laquelle nous faisions allusion, une banque doit mettre en réserve une certaine quantité d’espèces pour être toujours en état de satisfaire à ses engagements en payant ses billets sur demande.

CAROLINE.

Vous n’entendez pas qu’une banque garde un fonds en espèces, qui, comme à la banque d’Amsterdam, égale en valeur les billets qu’elle émet. Car si elle en usait ainsi, l’usage du papier-monnaie ne procurerait aucune épargne.

MADAME B.

Non certainement. Les profits de la banque proviennent de l’emploi du capital qu’elle épargne, capital qui consiste dans la différence entre la somme des billets émis et celle des espèces mises en réserve dans la banque. Il est si peu probable que toutes les personnes qui possèdent des billets viennent à la fois en demander le paiement, qu’il n’est nullement nécessaire d’avoir un fonds de réserve égal au montant de tous les billets en circulation, pour être en état de les payer. Les banques découvrent par expérience, quel est le rapport des espèces aux billets, qui est requis pour les mettre en état de satisfaire à la demande moyenne qu’on peut leur faire ; et elles règlent en conséquence la quantité des billets qu’elles émettent. Car si elles manquaient à leur engagement de les payer comptant sur demande, elles seraient en état de banqueroute.