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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

CAROLINE.

Ce cuir était probablement une sorte de parchemin, dont on se servait communément pour écrire avant l’invention du papier ; et la marque que l’on y faisait désignait peut-être la somme de monnaie que représentait le morceau de cuir, et pour laquelle il avait cours.

MADAME B.

Ce sont là des points de discussion, sur lesquels, dans l’état imparfait de nos connaissances sur la monnaie courante des Carthaginois, il serait difficile de prononcer. Heureusement ces questions-là sont plus curieuses qu’utiles.

La première banque, bien connue, est celle qui fut établie à Amsterdam en 1609[1] ; mais cet établissement n’est pas tout à fait du même genre que ceux dont nous venons de parler. Il n’émettait pas de papier ; il recevait des dépôts de monnaie métallique, dont on tenait compte sur les livres de la banque ; et à l’aide de ces livres, on faisait des transports de propriété d’un individu à un autre, selon que l’occasion le requérait, sans que jamais la monnaie déposée fût déplacée des coffres-forts où elle restait enfermée.

CAROLINE.

Il ne semble pas y avoir aucune économie dans l’établissement d’une pareille banque ; tandis que celles qui émettent des billets, substituant un moyen de circulation moins cher, rendent superflu l’emploi de l’or et de l’argent pour cet objet, et permettent de l’envoyer au dehors pour acheter des marchandises étrangères.

MADAME B.

Et, si les pays étrangers adoptaient le même expédient, et nous envoyaient leurs espèces superflues… ?

CAROLINE.

Vraiment, je n’y songeais pas. Si le papier-monnaie venait à être généralement adopté, tous les pays seraient surchargés d’espèces ; car quoique l’établissement d’une banque dans un seul pays, puisse forcer la monnaie métallique superflue à s’écouler

  1. On dit qu’il en fut établi une à Venise au moins deux siècles plus tôt.