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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

cent de son capital, au lieu de le prêter à l’intérêt de cinq pour cent, avec plus ou moins de risque de perte, et avec la certitude que son capital ne peut pas croître.

CAROLINE.

Ainsi les profits d’un capital parfaitement sur sont de trois à quatre pour cent ; et tout ce que l’on reçoit au delà peut être considéré comme une indemnité pour le risque que l’on court.

MADAME B.

Si vous faites entrer dans le calcul, outre la sûreté de la rente, la propriété dont elle jouit par sa nature, de pouvoir s’améliorer, il faut déduire quelque chose pour l’attente d’un accroissement futur ; en sorte que les profits provenant du prêt d’un capital, même en supposant ce placement d’une parfaite sûreté, doivent être estimés un peu plus haut que ceux qui proviennent d’une rente foncière.

Il faut faire maintenant quelques observations sur l’intérêt de l’argent.

L’intérêt de l’argent, ou le prix payé pour l’emprunt d’un capital, était autrefois beaucoup plus haut qu’à présent. Il a diminué graduellement depuis quelques siècles, dans la même proportion que la richesse nationale a augmenté.

CAROLINE.

Et pourquoi cela ?

MADAME B.

À mesure que le capital d’un pays devient plus considérable, les profits que l’on en retire diminuent ; et plus les profits sont bas plus doit baisser le taux de l’intérêt que l’emprunteur paie pour obtenir des capitaux.

CAROLINE.

Il paraîtrait donc, qu’à mesure qu’une nation devient riche, les individus qui la composent deviennent pauvres ?

MADAME B.

Oh ! non ; avez-vous oublié vos observations sur les salaires et sur l’origine de la rente ? Quand une nation avance vers la richesse, c’est-à-dire quand son capital croit dans un rapport plus grand que