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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

ser à la malveillance et sans éprouver quelque opposition de la part de leurs paroissiens. Combien doit être défectueuse une institution, qui prive un homme du fruit de son travail, et qui ne permet pas à un autre de recevoir sans inquiétude ce que la loi lui donne !

Les dîmes sont une portion du surplus du produit agricole, destiné à l’entretien du clergé. On doit donc les considérer comme une partie de la rente ; car si le fermier ne payait pas la dîme au recteur de sa paroisse, la rente qu’il paie au propriétaire croîtrait en proportion ; et en effet les terres franches de dîmes paient toujours une plus forte rente.

Ne serait-il donc pas mieux que le fermier payât la dîme sous forme de rente à son propriétaire, qui la transmettrait à l’ecclésiastique à qui elle appartient ? Les dîmes alors se proportionneraient à la rente, et non au produit annuel de la terre. Par un règlement de cette espèce, le clergé saurait sur quel revenu il peut compter, et le fermier n’aurait pas le chagrin de voir un autre que lui recueillir une partie du fruit de son travail. Ce règlement tarirait une source de malveillance et de disputes entre les ecclésiastiques et leurs paroissiens, il préviendrait une opposition d’intérêts également nuisible à la morale et à la religion ; il ferait disparaître ce constant obstacle à l’industrie qui, dans la manière actuelle de lever la dîme, se fait péniblement sentir.

CAROLINE.

Un tel changement serait certainement avantageux à toutes les parties intéressées.

Puisqu’il est si fort à désirer pour le cultivateur d’avoir, sur sa terre, une puissance illimitée, j’aurais cru fort avantageux aux propriétaires fonciers de cultiver eux-mêmes leurs terres au lieu de les mettre à ferme ; et cependant on observe communément que les hommes d’une classe supérieure à celle des simples cultivateurs sont ceux qui font le moins de profits en se livrant aux travaux de l’agriculture. Cela est d’autant plus singulier qu’étant à la fois propriétaires et fermiers, ils perçoivent les deux revenus compris dans le produit de la terre, la rente et les profits.

MADAME B.

Mais n’oubliez pas qu’ils emploient aussi deux capitaux, l’un pour acheter la terre, l’autre pour la cultiver. La raison pour la-