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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

étaient fausses. Le haut prix, dont vous vous plaignez si amèrement, est le prix nécessaire pour proportionner la consommation aux moyens d’y satisfaire, de manière que ces moyens durent jusqu’à la moisson prochaine.

CAROLINE.

Loin d’en être fâchée, madame B., je suis charmée de découvrir mon erreur, puisqu’il en résulte pour moi la conviction que, si le pauvre paie cher ce qui lui est le plus nécessaire, c’est autant pour son propre bien, que pour celui des grands propriétaires de terres ; ce haut prix lui assure un approvisionnement uniforme pendant tout le cours de l’année. Et je m’empresse d’autant plus d’absoudre la rente de l’accusation de hausser les prix, que je vois deux autres sources d’où ce mal peut provenir.

MADAME B.

Vous pouvez ajouter, je crois, que comme ces prix élevés sont nécessaires pour régler la consommation et prévenir la disette, ou même la famine, vous cessez dès ce moment de les envisager comme un mal. En étudiant les effets des lois et des institutions humaines, on découvre souvent des erreurs ; mais tout ce qui suit le cours de la nature dérive d’une source pure ; et plus on l’étudie, plus on se sent porté à admirer son auteur.

Ainsi, bien que la rente en elle-même ne puisse pas être considérée comme un mal, puisque nous avons vu qu’elle est une suite naturelle de la fécondité de la terre, et de la diversité des terrains, les mesures artificielles toutefois, tendant à élever le prix des produits agricoles et à faire hausser la rente, auraient certainement un effet nuisible. Toutes les restrictions à la libre importation des grains, ou de tout autre produit brut, qui élèvent le prix de ces denrées dans l’intérieur du pays, n’ont d’autre effet que de prendre dans la poche du consommateur une somme additionnelle pour le propriétaire de la terre. Dans cette opération le fermier ne fait d’autre office que de transporter la somme de l’un à l’autre.

CAROLINE.

Est-ce que cette mesure a immédiatement l’effet de hausser la rente ?