Page:Marcet - L’économie politique en vingt-deux conversations, 1837.pdf/133

Cette page a été validée par deux contributeurs.
121
L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

seconds colons seront en état d’obtenir une rente sur leurs terres. Car il sera aussi avantageux à un fermier de payer 10 pour cent, lorsqu’il en gagne 20, que de ne rien payer pour une terre qui ne lui donne que 10.

Les profits généraux du capital, à cette époque, se trouvent donc réduits de 20 à 10 pour cent.

CAROLINE.

Mais ceux qui les premiers ont pris à ferme les terres des colons primitifs ne continuent-ils pas d’en retirer le 20 pourcent en les cultivant ?

MADAME B.

Aussi longtemps seulement que durent leurs baux ; car dès que leurs propriétaires voient que les profits des capitaux sont réduits à 10 pour cent, ils n’en accordent pas plus à leurs créanciers, mais ils exigeront qu’ils leur paient tout le surplus sous forme de rente. C’est ainsi que chaque nouvelle portion de terre qui est mise en culture, et qui est ou de moindre qualité ou moins favorablement située que les autres, a le double effet d’élever la rente et de diminuer les profits du capital.

CAROLINE.

Mais si les profits continuent à décroître à chaque nouvelle portion de terre qui est mise au labour, ils seront bientôt réduits à rien ; et dès-lors s’arrêteront et la culture et la population, sans quoi bientôt aussi la disette se ferait sentir.

MADAME B.

Dès que la rareté commence, les grains haussent de prix ; cette hausse augmentant les profits du fermier, l’encourage à mettre de nouvelles terres en culture. C’est ce qui a lieu à chaque nouveau pas que fait l’agriculture, et c’est aussi ce qui empêche les profits de se réduire à rien. Chaque fois qu’une nouvelle terre est mise en culture, le prix du produit brut, et par conséquent les profits du fermier, doivent avoir préalablement haussé. Aucune terre neuve ne peut être cultivée qu’après que le capital a produit une accumulation suffisante pour l’entretien et l’emploi d’un plus grand nombre d’ouvriers. Et personne ne veut cultiver une terre neuve, avant