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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

tion ce qu’il en coûte pour transporter les produits au lieu où ils peuvent se vendre. Supposons que le colon primitif fasse 30 pour cent de son capital, et que le dernier ne fasse que 20 pour cent du sien. Avec le double avantage d’un sol fertile et de l’exemption de payer une rente, il ne faut pas s’étonner que les premiers colons amassent rapidement de gros capitaux. Il n’est pas improbable, qu’à l’âge du déclin, ils voudront diminuer leur travail, sans toutefois se défaire de leur propriété. Ne croyez-vous pas que, dans ces circonstances, ils trouveront quelques nouveaux colons, qui, plutôt que d’entreprendre de défricher dans les districts éloignés et peut-être moins fertiles, paieront volontiers aux anciens une somme annuelle pour prendre leur place et pour devenir leurs tenanciers ?

CAROLINE.

C’est vrai : les nouveaux venus pourraient trouver leur compte à donner aux anciens colons le 10 pour cent que ceux-ci font de plus que les nouveaux, en conséquence des avantages dont leurs terres jouissent.

MADAME B.

Voilà donc l’origine de la rente. Si le tenancier paie le 10 pour cent, qui se trouve être le tiers de ce que le propriétaire gagnait à cultiver, ses profits seront réduits à 20 pour cent, et se trouveront au niveau de ceux des seconds colons, qui réunissent la qualité de propriétaires à celle de fermiers ; et de la sorte les profits du fermier seront réduits de 80 à 20 pour cent.

CAROLINE.

Et les profits des autres branches d’industrie seront, je suppose, réduits de même, afin de maintenir l’égalité entr’eux.

MADAME B.

Nécessairement. Mais tant que les profits de l’agriculture sont de 20 pour cent, l’accumulation marchera encore d’un pas rapide ; et à mesure que le pays deviendra riche et populeux, la demande de blé croîtra, et il faudra, pour y satisfaire, mettre de nouvelles terres en culture. Ces nouvelles terres étant encore plus reculées que les précédentes, ou inférieures en qualité, seront cultivées avec encore plus de désavantage, et ne donneront peut-être que le 10 pour cent des profits. Dès que ce nouvel ordre de choses aura lieu, les