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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

transporter cet excédant à un propriétaire, il le garde pour lui. Et c’est aussi la cause de ces rapides fortunes que font les nouveaux colons, qui s’établissent sur un sol fertile et dans un beau climat.

C’est donc la fertilité du sol qui permet au cultivateur de payer une rente ; mais il reste à chercher quelque autre cause qui l’engage à le faire.

CAROLINE.

Vous en parlez comme d’une affaire de choix, madame B. ; mais s’il en était ainsi, je doute fort que la rente fût payée.

MADAME B.

C’est ce que nous allons voir. — Quand un pays nouveau croît en capital et en population, on met de nouvelles terres en culture ; et après que l’on a occupé les districts les plus fertiles, on en vient à mettre au labour les terrains de qualité inférieure ou moins bien situés. Or les grains et tout autre produit agricole, crûs sur les terrains moins fertiles, coûtent au fermier plus de dépenses, plus de travail, plus d’engrais ; il faut plus d’attention pour une récolte moins abondante, et les frais de production en tout sont plus grands.

CAROLINE.

Par conséquent les colons primitifs, qui ont pu choisir à leur gré, ont un avantage sur les autres ; ils feront de plus gros profits, et accumuleront plus tôt une fortune. Car les diverses récoltes portées au marché, si elles sont de même qualité, se vendront au même prix, quels que soient les frais de production. Il est même probable que celles qui ont le moins coûté à produire, se vendront mieux ; car le sol le plus fertile doit naturellement donner un produit plus parfait.

MADAME B.

Les premiers colons ont encore un autre avantage ; ils n’auront pas manqué de choisir les meilleurs situations aussi bien que les meilleurs terrains ; leurs champs seront au bord d’une rivière navigable, qui fournit une communication facile avec le marché de l’intérieur et avec l’étranger. Ceux au contraire qui cultivent les terres les plus reculées sont obligés d’ajouter aux frais de produc-