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rient, le plus grand nombre de nos représentants auront le sort de Solon, leur Constitution mourra avant eux ; peut-être même seront-ils punis comme lui de l’avoir faite. Ils ont en ce moment un puissant moyen de faciliter le retour de la nation aux bonnes mœurs, c’est l’organisation des municipalités ; si l’on sait en profiter, nous n’aurons point de rechutes à craindre. Pourquoi les Français qui ont plus qu’aucun autre peuple le goût des lettres et des arts, qui s’enflamment si vite au récit d’une belle action, qui connaissent si bien le prix de la vertu, qui sont humains par caractère et sobres par tempérament, ont-ils tous les vices opposés à leurs qualités natives ; partout des banqueroutes et des banqueroutes frauduleuses, partout des adultères, partout des duels, partout un égoïsme barbare, ou, ce qui est la même chose, une bienfaisance corruptrice. D’un bout de la France à l’autre, le paysan en état de guerre avec le propriétaire, l’artisan avec le capitaliste, et toutes les classes avec le fisc ; le jour du dimanche la terre est jonchée de gens ivres, un tiers des fonds sont en friche ou en mauvaise culture, les petites villes sont dépeuplées et les grandes fourmillent de courtisanes et d’intrigants ; une fureur de s’enrichir qui ne respecte rien, qui ne craint rien, a forcé tous les moyens, toutes les ressources de l’industrie hon-