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ses chefs, pour changer seulement la forme de l’aristocratie ; pensez-vous qu’ils vous pardonnassent l’humiliation dont vous les avez couverts aux yeux de l’Europe entière ; et doutez-vous que les proscriptions les plus sanglantes ne fussent la suite de leur triomphe et de votre défaite ?… Cessons donc de nous affliger de la crise actuelle, puisqu’elle est inévitable. »

No XI. (Du 19 au 26 septembre.) — Le peuple a conquis son indépendance, mais ses ennemis ne se tiennent pas pour battus. Ils cherchent à diviser les vainqueurs du 14 juillet. Suivant leur tactique habituelle, les réactionnaires exploitent le mécontentement des citoyens peu éclairés, qui croient qu’après une révolution tous les abus seront déracinés, et que tout ira pour le mieux par la force même des choses. Étrange illusion ! il ne suffit pas d’avoir renversé le despotisme, il faut, sur les ruines de l’ancien régime, fonder, fonder péniblement le régime nouveau. La liberté ressemble à ce royaume des cieux dont parle l’Évangile : les violents seuls la ravissent.

« Si notre amour pour la patrie, notre zèle pour la cause publique, nous ont acquis quelques droits à l’estime et à la confiance de nos concitoyens, nous les conjurons de s’armer de toute la fermeté nécessaire pour établir leur pouvoir, le pouvoir du peuple, duquel émanent tous les