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« Il semble que l’on veuille nous faire haïr la liberté. La disette naissant des spéculations avides, les travaux suspendus, le commerce languissant, les troubles successifs, les ligues secrètes de nos ennemis, tout nous afflige et nous effraye. Ce matin, il se répand des bruits alarmants ;… des membres de l’Assemblée nationale ont osé hier, au milieu de ce sénat auguste, demander que le roi possédât le veto absolu sur la nation. Cet étrange paradoxe, qui nous rejetterait dans les chaînes de l’esclavage, il faut en convenir, n’a pu être proposé par des hommes libres ; l’aveugle et sordide intérêt est seul capable de produire de tels égarements, et nous supprimons par pudeur les noms des membres qui ont exposé ces misérables sophismes ! Notre sentiment a été celui de tous les amis de la liberté, celui de l’invincible Mirabeau[1], et la séance d’hier a été des plus orageuses. »

D’après Michelet (tome I, page 290), Loustallot aurait lui-même fait au Palais-Royal la motion d’envoyer à l’Hôtel de ville un groupe de citoyens pour demander la convocation des dis-

  1. Mirabeau avait en réalité défendu le veto absolu ; mais son discours, fait par un nommé Cazeaux, lui parut si mauvais quand il le lut à la tribune, qu’il en eut une sueur froide ; il en passa la moitié, à ce que rapporte Étienne Dumont dans ses Souvenirs (p. 155). Le soir, au Palais-Royal, les amis du grand orateur affirmèrent qu’il avait combattu le veto. Loustallot s’y trompa.