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lignes que le mercantilisme commençait déjà à déshonorer la presse. À partir de 1791, la vaillante plume de Loustallot brisée par la mort, Prudhomme se mit à flatter et à trahir successivement tous les partis.

Mais Camille Desmoulins ne laissa point passer sans protestation ces honteuses manœuvres. Il répliqua vivement[1] à Prudhomme, qui avait eu l’imprudence de le mettre en cause. Il fit justice de ses prétentions politiques et littéraires ; il lui fit durement comprendre qu’il avait mauvaise grâce à marchander à Loustallot mort sa gloire, après l’avoir exploité vivant. En effet, le jeune publiciste, sans rien changer à l’austère simplicité de sa vie, avait laissé son éditeur gagner plus de deux cent mille livres en quatorze mois.

Le rhéteur Laharpe, républicain exalté jusqu’en 1794, mais qui, même avant son apostasie, dans sa correspondance secrète avec le grand-duc de Russie (depuis Paul Ier), ne perdait pas une occasion de ridiculiser ses prétendus amis, écrivait à ce prince :

« Un monsieur Loustallot, auteur des Révolutions de Paris, imprimées sous le nom de Prudhomme, est mort ces jours-ci d’une fièvre chaude. Il y avait longtemps qu’il l’avait en écrivant,

  1. Révolutions de France et de Brabant, no  49.