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liberté, et la confessèrent dans l’exil ou sur l’échafaud.

On pourrait suspecter l’opinion que Desmoulins avait de son ami, et croire son jugement faussé par une sympathique indulgence. Voici en quels termes un journaliste d’une nuance moins avancée annonçait la fatale nouvelle : « Le jour de la fête funèbre du champ de Mars, dit Brissot (l’ennemi de Camille, souvent attaqué par les Révolutions de Paris), est mort à la fleur de son âge un auteur qui avait écrit avec une énergie peu commune sur la catastrophe de Nancy M. Loustallot. On doit le mettre au rang des plus chauds défenseurs de la liberté. Il était du petit nombre de ces journalistes que les considérations personnelles n’arrêtent point dans la publication des vérités. Le peuple le perd dans un moment où ceux qui avaient de l’énergie s’attiédissent, où les tièdes deviennent ennemis. Flebilis occidit[1]. »

Marat lui-même consacra à son jeune confrère mort un numéro de l’Ami du peuple. Après avoir un peu critiqué la modération de Loustallot, qui lui semblait exagérée, il concluait ainsi : « Doué d’un esprit calme, juste, méthodique, mûri par le temps, il eût été merveilleusement propre à

  1. Le Patriote français, no 410, 22 septembre 1790.