Page:Marcellin Pellet - Élysée Loustallot et les Révolutions de Paris, 1872.djvu/286

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Camille n’avait pas besoin de parler du talent de son ami aux citoyens qui l’écoutaient. Ce talent, ils l’applaudissaient tous les jours depuis le 14 juillet. C’est de son caractère, plutôt que de son génie, qu’il les entretint : « Loustallot était mon ami, puisqu’il l’était de la Liberté ; il était le meilleur de mes amis, puisque la Liberté n’avait pas de plus ferme défenseur. » Voilà certes une profession de foi qui honorait également les deux hommes. L’orateur dépeignit cette âme tendre et fière, ce caractère un peu ombrageux du républicain probe et désintéressé, qui conquiert l’estime du peuple en ne flattant que ses passions honnêtes. Il dit le mépris de Loustallot pour ces journalistes qui au lieu d’appeler les hommes à l’Égalité, à la Liberté, ne rougissent point, pour un peu d’argent, de se faire les valets des aristocrates, et ravalent ainsi la littérature à n’être qu’un métier de laquais. « Il savait que sa vie et ses ouvrages étaient pour eux la plus amère censure, qu’ils devaient le haïr comme l’esclave hait l’homme libre, et le faible l’homme fort ; dédaigneux de leurs injures, il s’enveloppait de sa vertu, se soutenait de sa seule force et planait au-dessus d’une nuée d’ennemis… Le journaliste tel que Loustallot en a réalisé l’idéal, disait Camille, exerce une véritable magistrature, et les fonctions les plus impor-