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envoyés au colonel furent fouettés honteusement en pleine parade. L’émotion fut violente ; les soldats français sentirent vivement l’injure faite à leurs camarades. Le 6 août, La Fayette, à qui on en avait référé, fit voter un décret pour nommer des commissions chargées de vérifier les comptes. Tous les commissaires devaient être choisis parmi les officiers. Quelle amère dérision ! ils étaient à la fois juges et parties. Bouillé fut chargé de maintenir l’ordre. Il ne demandait que cela.

Le 26, un officier, Malseigne, apporta à Nancy le décret et les pleins pouvoirs de l’Assemblée. Tout était calmé. Malseigne irrita la garnison par ses violences, et après avoir blessé plusieurs Suisses à coups d’épée, il dut s’enfuir. Bouillé ordonna aux Suisses de quitter Nancy ; c’était pour eux se livrer pieds et poings liés à leurs officiers qu’ils avaient traités, non sans raison, de voleurs et d’escrocs. Ils refusèrent de quitter la ville. Bouillé, arrivant alors de Toul, avec 4,500 hommes, presque tous Allemands, surprit les Suisses à l’improviste ; un grand nombre de gardes nationaux patriotes s’étaient joints à eux ; les gardes nationaux royalistes marchaient au contraire avec le général (31 août). Bouillé eût pu terminer l’affaire sans verser une goutte de sang. Mais le féroce royaliste (cousin de La