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ment dans un café, suivit le conseil de son ami. Voici dans quelles circonstances :

« M. Desmoulins dînait chez le suisse du Luxembourg il y a quelques jours. Naudet et Dessessarts, comédiens du Théâtre français, se trouvent dans la même salle ; ils adressent en sortant les injures les plus grossières à cet écrivain. Un air de pitié et de mépris devait être et fut sa seule réponse. Dessessarts s’avance vers lui, les poings tendus, et réitère la même provocation. »

« Ce sera, dit M. Desmoulins, en continuant de harceler les noirs et les ministériels que je me vengerai. Il me faudrait passer ma vie au bois de Boulogne, si j’étais obligé de rendre raison à tous ceux à qui ma franchise déplaît. Qu’on m’accuse de lâcheté si l’on veut… Je crains bien que le temps ne soit pas loin où les occasions de périr plus utilement et plus glorieusement ne nous manqueront pas. » — Non, personne n’accusera de lâcheté le héros du 13 juillet. Personne n’accusera de lâcheté ces patriotes qui, du 23 juin au 15 juillet 1789, au moment où Paris était ceint de troupes, où ils pouvaient être enlevés sans résistance, où leur tête devait être le prix de leurs courageuses motions, n’ont pas failli à leur devoir ; la lâcheté serait de ne pas réserver sa vie pour la patrie, et de donner dans le piége des