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colonels renvoient tous les soldats suspects de patriotisme avec des cartouches jaunes, c’est-à-dire avec des congés infamants. L’agitation est à son comble dans plusieurs grandes villes. A Metz et à Nancy les troupes murmurent. Bouillé répondra bientôt par des coups de fusil et par un massacre savamment organisé aux justes observations des mécontents. Loustallot, tout en reconnaissant ce qu’il y a de fondé dans les plaintes des soldats, leur prêche la modération.

« Un patriote méprise nécessairement un aristocrate ; or, l’obéissance et le mépris sont inconciliables ; il était donc impossible de croire que la subordination pourrait se soutenir en laissant les officiers et les soldats dans la même position qu’avant la Révolution. Une révolution est un changement dans un État, qui détruit de fait et de droit des formes établies. C’est donc véritablement une chose honorable pour les soldats, et qui prouve qu’ils ont craint de donner une trop forte secousse à l’État, que d’avoir gardé à leur tête, en pleine Révolution, tous les comtes, les marquis, les chevaliers, les ducs, qui ne manifestaient d’autre désir que celui de se baigner dans le sang de la canaille française, et de conserver leur privilège exclusif aux places d’officiers. »

« En même temps c’est une chose répréhensible que le pouvoir exécutif ait continué dans le