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« Vers midi, le ministre attendu est arrivé à la barrière de la Conférence : une multitude immense avait été au-devant de lui et l’amenait pour ainsi dire en triomphe ; une garde nombreuse de citoyens, une cavalerie brillante a dès lors augmenté son cortége ; les cris de vive la nation ! vive M. Necker ! faisaient entendre l’accent mélodieux de l’âme. Tous les cœurs étaient émus, des larmes de joie coulaient de presque tous les yeux, chacun eût voulu avoir mille voix, mille mains pour exprimer ce qu’il sentait. Oh ! qui peindra les délicieux transports de cette fête ! Qui se représentera un peuple immense bordant les rues, les portes, les balcons, les fenêtres, les places, les quais !… les dames de la halle offrant des bouquets, poussant des cris de joie, couvrant les mains de Mme Necker de mille baisers, que la bonté de son cœur rendait plus touchants encore ; le nom de père du peuple répété dans toutes les bouches. Oh ! que le sentiment est sublime ! Ici ce sont des couronnes de fleurs offertes au libérateur de la France ; là ce sont les tributs des muses ingénieuses qui célèbrent ses talents et ses vertus ! Rois, potentats de la terre et ministres, contemplez ce magnifique spectacle, et voyez la justice gravée en caractères ineffaçables dans le cœur des peuples. Choisissez maintenant, et dites si vous préférez sa haine à son amour. »