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de toutes les paroisses. Eh bien, qui le croirait ? il n’y avait ni ennemis, ni brigands, à peine sait-on comment l’alarme a pu naître. Quelques moissonneurs s’agitaient ; des femmes les ont aperçus de loin, et l’une s’est imaginé d’abord que ce sont des brigands ; dès lors ils vont faucher les blés en vert, rien n’est mieux prouvé, et puis cette année, c’est l’accusation générale ; aussi cette femme le dit à d’autres, celles-ci s’effrayent, courent, arrivent en larmes dans leurs villages, répandent l’effroi ; des hommes s’arment ; l’on court au clocher, et soixante paroisses sonnent l’alarme… Peuple crédule, serez-vous toujours effrayé de votre ombre ? Partout, cette année, à Rouen, à Caen, dans le Soissonnais et dans mille autres endroits, ce ne sont que des brigands qui fauchent les blés en vert. La sorcellerie a eu son tour, le diable et les revenants ont aussi paru sur la terre, les petits enfants enlevés ont causé des révoltes ; les possédés et le tombeau du diacre Paris ont eu leur règne, Mesmer a eu le sien ; quel est le nouveau fantôme qui désormais va séduire bu soulever le peuple imbécile ? Français, si les rêves puérils ont sur vous quelque empire, bientôt on s’en servira contre vous-mêmes pour vous tromper, pour perdre les meilleurs citoyens, pour vous remettre dans l’esclavage : voilà le grand moyen dont les tyrans ont toujours pro-