« On est parti de ce principe, que l’intérêt du peuple et du roi est le même, pour accorder au roi l’initiative exclusive. On a pensé que toutes les fois que l’honneur ou l’intérêt national exigerait la guerre, le roi ne manquerait pas d’en faire la proposition ; mais le principe inverse est précisément vrai. Il faut toujours supposer, pour faire une constitution libre, que l’intérêt du prince est opposé à celui du peuple ; s’il était le même, il n’y aurait point de tyrans ; il ne faudrait point de constitution. »
« C’est parce qu’une invasion peut être faite d’accord entre l’ennemi et le prince[1] ; c’est parce que, appliqué à miner quelque partie de la Constitution, il négligera d’entreprendre une guerre qui serait nécessaire au bien de la nation, mais qui l’empêcherait de continuer ses manœuvres, c’est parce qu’il pourra laisser écraser un de nos alliés, pour accroître le pouvoir de quelques-uns des siens, qu’il ne fallait pas laisser au roi la faculté exclusive de proposer la guerre. »
La discussion du droit de paix et de guerre avait fait fermenter les têtes et excité les esprits. La veille du jour où le décret fut voté, le peuple se transporta chez le libraire Gattey, éditeur des Actes des Apôtres, ensuite au bureau
- ↑ Cette affirmation dut mettre mal à son aise le parti de la cour.