pas à s’en prévaloir. Voici le ferme langage qu’il parle au peuple, dans un article intitulé : « Les idoles. »
« La confiance aveugle que le peuple accorde toujours aux chefs, aux administrateurs, aux écrivains qui se dévouent ou paraissent se dévouer à sa cause, les transports d’admiration et même de reconnaissance auxquels il se livre en leur faveur, sont essentiellement contraires à l’esprit de liberté et aux progrès d’une Révolution heureusement commencée. L’enthousiasme ne permet ni de mesurer le danger ni d’apercevoir les précipices ; tout est possible et semble permis à celui qui est l’objet de la faveur publique ; et souvent le délire populaire inspire de coupables desseins à celui qu’une surveillance raisonnable aurait contenu dans de justes bornes. Il ose tout, parce qu’il croit pouvoir tout oser impunément. »
« Aucun peuple ne fut plus enclin à cette sorte d’idolâtrie que le peuple français ; il s’est toujours passionné pour tout ce qui lui a paru brillant, généreux, sublime. Au sein même de la servitude, son inquiète activité eut toujours besoin d’un objet : il était ivre tantôt d’un général, tantôt d’un poëte, un jour d’un danseur, le lendemain d’un ministre. Ces dispositions étaient d’un favorable augure pour ceux qui travaillaient