manie de réglementer et l’habitude de se laisser mener par des commis, par des filles ou par de l’argent ; ils savent faire de sang-froid les plus cruelles injustices ; ils ont appris à masquer leurs démarches, à couvrir leurs négligences ou leurs erreurs par des prévarications, et leurs prévarications par des forfaits.
« Craignons les nobles, qui perdent par la révolution leur supériorité factice, leurs droits odieux sur des hommes leurs semblables, leurs pensions, leurs privilèges exclusifs pour les places et les traitements, et enfin leur impunité pour toutes sortes de crimes.
« Craignons plus encore les anoblis : au sentiment de leurs pertes, ils joignent le désir de se venger du juste mépris qu’on leur a prodigué. C’est par bassesse d’âme qu’ils avaient voulu devenir nobles ; ils n’avaient nulle idée de vertu, de probité, de magnanimité ; ils ne peuvent être quelque chose que par l’argent et pour l’argent.
« Il n’est pas besoin de dire que le bourgeois possédant de grands biens féodaux n’est point ami de la Révolution[1] : laissons-lui le temps de sentir que ses pertes ne sont pas aussi considérables qu’il l’imagine.
- ↑ Il s’agit de biens féodaux achetés avant 1789. Les acquéreurs de biens vendus plus tard par l’État eurent intérêt au contraire à défendre la Révolution.