sans l’avoir vu, sans lui avoir écrit, sans avoir communiqué avec lui. Ce qui ne paraîtrait pas vraisemblable s’il s’agissait des affaires d’un particulier, devient possible dès qu’il s’agit des affaires d’un prince. La seule chose qui soit frappante, c’est que ce M. Favras, qui s’est chargé de faire cet emprunt, soit en même temps le chef d’une conjuration. Le hasard, il faut l’avouer, a singulièrement desservi Monsieur.
« Ceux qui savent que M. Favras a un frère, grand faiseur d’affaires, trouveront ce hasard moins singulier.
« Mais ne se pourrait-il pas que ce ne fût point l’effet du hasard, et que ceux qui ont engagé le prince à employer M. de Favras, n’ignorassent point les projets de ce dernier ?
« Ne se pourrait-il pas que les conjurés, manquant d’argent et de ressources, aient su que Monsieur était dans l’intention de faire un emprunt, et qu’ils aient conçu l’idée d’abuser du crédit de ce prince, et de s’en servir pour le compte de l’aristocratie, en feignant de ne servir que lui ?… Monsieur a bien dit qu’il ne s’abaisserait pas jusqu’à se justifier d’un crime aussi bas ; c’est le langage de l’indignation, mais en même temps il s’élevait aussi haut qu’il puisse jamais monter en se justifiant, en mettant le dernier des citoyens à portée d’être juge de sa con-