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d’un homme privé de sa liberté, transformé en quelque sorte en bête de somme ; et restituant à la société par un travail pénible, et de toute sa vie, le dommage qu’il lui a fait…" Dans notre affreuse pratique, la peine de mort ne punissait vraiment pas le criminel ; elle le retranchait seulement du nombre des vivants. Il n’apprenait jamais son jugement qu’une heure avant l’exécution. Il était alors livré aux exhortations d’un prêtre, et quelques minutes de souffrances lui ôtaient bientôt la faculté de réfléchir sur l’énormité de son crime. Je parle du plus ordinaire des supplices, car je ne veux pas savoir, pour l’honneur de la France, qu’elle en emploie quelques-uns où l’art de prolonger la vie et les douleurs s’exerce par une atroce habileté, digne des plus cruels cannibales.

« Cependant, que l’on donne le choix à un criminel, ou de la mort ou d’une servitude à vie, et il ne balancera pas à mourir. Il ne vivrait que pour les remords et les souffrances. La mort est pour lui un véritable bienfait. »

Et à la fin de son véhément plaidoyer contre la peine de mort, Loustallot tire cette conséquence fort juste : « C’est parce que M. le lieutenant-criminel assassine dans les formes une douzaine de personnes tous les ans, que le peuple a assassiné sans formes Foulon et Berthier. »