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de tous. Ce dernier se divise en trois branches, toutes trois navigables, et qui forment plusieurs îles que leurs eaux fertilisent plus puissamment que toute irrigation artificielle, et rendent éminemment propres à la culture des céréales et des arbres fruitiers.

(26) La Susiane touche à la Chaldée. Elle compte peu de grandes villes, mais on y distingue Suse, qui a souvent été résidence royale, Taréiana, Sélè et Aracha. Le reste a peu d’importance ou de renom. Mais son sol est traversé par un grand nombre de rivières, dont les principales, qui sont l’Oroatis, le Charax et le Mosée, sillonnent le désert de sable qui sépare la mer Rouge de la mer Caspienne.

(27) À la gauche de cette dernière province s’étend la Médie, voisine de la mer Hyrcanienne, dominatrice de l’Asie avant le règne de l’ancien Cyrus, avant les agrandissements de la Perse. Cette nation abattit les Assyriens ; et, s’appropriant par droit de guerre la plus grande partie de leur territoire, en changea le nom en celui d’Atropatène.

(28) L’esprit guerrier subsiste dans cette population, la plus redoutable du royaume après celle des Parthes, à qui seule elle cède le pas. Elle occupe un vaste territoire de figure quadrangulaire, et coupé de hautes montagnes désignées par les noms de Zagros, d’Orontès et de Jasonios.

(29) Là s’élève aussi le Coronos, dont le revers occidental offre un sol arrosé d’une multitude de sources et de cours d’eau, et d’une fertilité merveilleuse en moissons et en vins.

(30) Les pâturages encore y sont excellents, et nourrissent une vigoureuse race de coursiers, dite niséenne, sur lesquels les habitants du pays voltigent dans les combats avec une dextérité singulière ; particularité relevée par tous les historiens, et que j’ai pu vérifier moi-même.

(31) L’Atropatène égale la Médie par le nombre de ses cités et de ses bourgades, non moins somptueusement construites que des villes, et sa population est aussi considérable. En un mot, c’est par excellence la province destinée à l’habitation royale.

(32) C’est aussi dans cette contrée que sont les fertiles champs des mages. Puisque ce nom est prononcé, arrêtons les yeux un moment sur cette corporation, et sur l’ordre de spéculations auquel elle se livre. Magie, en langue mystique "machagistie", signifie, d’après l’imposante autorité de Platon, le culte de la Divinité dans sa forme la plus épurée. Cette science doit beaucoup à Zorastre de Bactriane, qui s’était initié profondément aux mystères des Chaldéens ; et elle reçut un nouveau perfectionnement du très sage roi Hystaspe, père de Darius.

(33) Pénétrant les régions reculées de l’Inde, ce courageux prince parvint jusqu’à de solitaires forêts, sanctuaire silencieux de la doctrine transcendante des brahmanes ; et quand il eut tiré de ses communications avec ces sages tout ce qu’il lui fut possible de recueillir de notions sur les lois primordiales de notre monde, sur les mouvements célestes et sur la théologie bramine, la plus pure de toutes, il s’appliqua, de retour en Perse, à inculquer ces idées aux mages, qui les ont transmises à leur postérité avec la théorie de prescience qui leur est propre.

(34) Telle est l’origine de cette tradition héréditaire dans une famille qui, de temps immémorial, se consacre de père en fils au culte religieux. Les mages, s’il faut les en croire, conservent, en un