les pies et les corbeaux. Il avait poursuivi une pie d’arbre en arbre, bien loin dans la campagne. Strenou courait toujours, et la pie sautillait devant lui en le narguant. Strenou courait toujours et pourtant la chaleur pesait si lourde, qu’il tirait la langue péniblement. Mais il voulait atteindre la pie. “Elle se fatiguera”, pensait-il. Strenou courait toujours.
Le vent s’était levé et soufflait dans ses poils. Là-bas, la pie lissait ses plumes. “Bah, se dit Strenou, je l’attraperai tout de même.” Le vent était chaud et humide, il secouait rudement les feuilles. La pie s’était perchée sur un arbre. Strenou s’assit pour la surveiller. Mais voilà, Strenou avait des puces. Il se retourna pour se gratter. Plap ! la pie avait disparu. Et Strenou ne le croyait pas ; il restait toujours assis là et regardait et regardait.
Mais le soir arrivait avec ses grandes ombres et son vent frais — les feuilles des arbres frissonnaient et la nuit sortait des haies comme un brouillard. Et les grandes herbes ondulaient sous le souffle de la nuit — les feuilles tombées volaient en tourbillons et Strenou courait après. Il aboyait en secouant la queue, et les feuilles mortes sautaient autour de lui. Maintenant les oiseaux piaillaient dans le taillis et le vent soufflait la tempête. Alors Strenou, flairant l’orage, se mit à courir la queue entre les jambes. Il traversait les ronces et les épines, et les branches mortes craquaient sous sa course. Et dans un coup de vent humide, la pluie se mit à tomber.
Le ciel était noir, tout couvert de nuages, et de grandes masses d’ombres s’étendaient à la place des haies et des bouquets de bois. La pluie clapotait par terre dans les mares et les poils de Strenou se