Page:Marcel Schwob - Œuvres complètes. Écrits de jeunesse.djvu/88

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Poupa (4)
Scènes de la vie latine

Poupa était couchée sous les arbres, le long du Nar. L’eau coulait silencieusement sous les branches entrelacées, et le soleil, perçant par endroits, plaquait de grandes flaques blanches sur le gazon sombre. Elle songeait, étendue sur le dos, ses cheveux noirs pendants, ses mains derrière la tête, et Strenou, le grand chien de montagne, couché sur le ventre, lui léchait les mains. Elle restait ainsi silencieuse, pendant des heures, suivant des yeux les insectes qui bourdonnaient, regardant les rondes capricieuses des moustiques dans les rayons de soleil et les araignées d’eau qui couraient sur les mares.

La prairie était tout enveloppée dans le Nar : derrière, la montagne s’avançait déjà, verte à sa base et brune à son sommet. Le sentier s’enlaçait autour comme un filet noir : les toits de chaume paraissaient, çà et là, jusqu’à la moitié — et plus