bout de notre route une montée s’ouvre devant nous ; nous la gravissons, il faut la redescendre. Prenons les sentiers de traverse : nous tomberons dans un précipice.
Et ne marchons-nous pas, n’avançons-nous pas ? Pour ceux qui tombent lassés, et qui meurent, épuisés ; pour ceux qui s’égarent dans les voyettes fleuries ou dans les sentiers abrupts ; pour ceux qui se précipitent dans les gouffres où ils se fracassent, n’y en a-t-il pas qui touchent au terme ?
Sont-ils revenus pour le dire ? Pas un. Qui sait si après cette première étape, une autre plus longue ne s’est pas présentée à eux, et qui sait si dans celle-là, ils n’abandonneront pas la partie ? Crois-moi, Faust : marcher jusqu’au bout ne sert à rien ; mieux vaut se reposer sur les bords de la route. Nous cueillerons des fraises. Et si la sombre nuit nous surprend étendus et nous endort, nous dirons en nous livrant au sommeil : du moins j’ai joui.
Mais, j’ai là, quand je veux m’attarder, une voix qui me crie : pas là — plus loin. Ne t’oublie pas ici : ce n’est pas là le bonheur. Tu le trouveras à la prochaine auberge. Vois donc tout ce qui te manque.
Et tu ne t’aperçois pas, mon pauvre ami, que c’est l’Espérance funeste qui, de promesse en promesse, vient t’entraîner jusqu’au bout ?
Et sur cette pente sans fin je roule, roule, roule sans m’arrêter — vivant sans vivre — mourant