Sundâri, ton enfant, le filleul de la Flamme,
Habile à manier l’épée et le calame
Régnera souverain sur les hommes unis. —
Et vous serez du ciel sur la terre bannis.
Seigneur, ils ont détruit la chasteté sacrée.
Leur amour a terni sa pureté nacrée.
Ils ont acquis par là des droits à mes soucis.
Ma volonté les veut, par ta foudre roussis,
Noyés au fond des flots de mes fleuves de soufre
Et brûlant éperdus dans l’étreinte du gouffre.
Vous entrerez tous deux, riants, au Nirvâna
Parce que votre amour au ciel se pavana.
Votre enfant vous suivra, sans connaître la vie
Et vous jouirez d’un sort que, dieu, je vous envie !
Oh ! viens nous abîmer au gouffre du néant
Où l’on n’a ni songe ni rêve ;
Nous jouirons dans le fond du Nirvâna béant
De la paix, éternelle trêve.
C’est un calme repos ; l’existence s’éteint
Comme une lampe languissante ;
Nous n’y saluerons plus l’invincible Destin
De notre tête fléchissante.
Sundâri, je t’envie un paisible sommeil
Qui t’entourera de ses chaînes ;
Regarde avant ta mort le dieu de feu vermeil
Qui fut la cause de tes peines !
Harah ! Je ne puis pas accepter ton arrêt.
Indrah, je ne veux pas céder à ton décret.
L’enfant qu’ils ont créé ne peut pas disparaître.