“haschich” suivant le mot si vrai d’Albert Samain.
Un esprit si apte à se jouer dans les siècles passés, à les évoquer, qui connaissait si bien l’histoire de sa langue, ne pouvait être qu’un merveilleux traducteur. C’est ce qu’a été Marcel Schwob. Il connaissait depuis l’enfance la langue anglaise ; elle venait naturellement sur ses lèvres, surtout pour exprimer la tendresse. Nous avons fait entrer dans ses œuvres les belles traductions qu’il donna de Shakespeare et de Daniel de Foë. C’est qu’elles sont aussi des créations. Au même titre que ses œuvres d’imagination, elles lui appartiennent en quelque sorte.
Le Journaliste et le Voyageur
Il resterait à parler du journaliste et du voyageur.
Le journaliste, nous le montrerons dans ses premiers essais de critique. Disons tout de suite qu’ici encore Marcel Schwob tend à l’achevé, et qu’il a horreur du bâclé, de l’improvisation, bien que lui-même écrivît comme un inspiré et n’eût à aucun point le génie de la rature. Le métier de journaliste, Marcel Schwob le voyait, autour de lui, mal fait ; et c’est pour cela qu’à l’imitation de son maître Rabelais il écrivit ses Mœurs des Diurnales.
Le voyageur, nous le verrons surtout dans ses lettres où il nous laisse admirer la vivacité de ses couleurs, la netteté de sa vision qui traduit la réalité comme un miroir. Ce n’est pas là d’ailleurs le côté original de son œuvre ni de son esprit.