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Aum ! mani padmé ! aum !
Et sa virginité pour jamais est détruite !
Aum ! mani padmé ! aum !

Une jeune fille s’avance en penchant la tête, ses mains croisées sur ses seins.

LES VIERGES, à Indrah.

C’est Sundâri, Seigneur. — Après sa longue absence,
Elle vient se courber sous ta toute-puissance.

INDRAH

Fille du ciel, je vois dans tes yeux le péché,
Et le pleur que ta main tremblante avait séché !

SUNDARI

Seigneur, de mes sanglots je ne suis plus maîtresse
Et je viens t’avouer ma honte et ma détresse.

LES VIERGES

Elle s’est adonnée aux plaisirs du moment ;
Vierge au Feu consacrée, elle a pris un amant !

SUNDARI

Ne savez-vous donc pas, ô mes chastes compagnes,
Qui craignez, en marchant, de relever vos pagnes,
Que nos plaisirs, à nous, ont une éternité,
Puisqu’ils sont dérobés au Feu, la Trinité !
Mes seins fermes et blancs gonflaient sous ses caresses.

Se renversant, souriante.

Il a baisé mes yeux, il a baisé mes tresses,
Dans mes cheveux défaits cherchant à se tapir
Et me versant à flots l’ivresse du soupir.
Dans vos bois éternels tapissés de verdure
J’ai su par quel secret mystique le Feu dure
Et dans les convulsions de nos corps enlacés,
Dans le contact, brûlants, et s’éloignant, glacés,
Dans les accouplements de notre étreinte forte,

Elle se prosterne lentement.